Pape François
Seigneur, apprends-nous à prier – XXXVI
La prière appartient à tous: aux hommes de chaque religion, et probablement aussi à ceux qui n’en professent aucune. La prière naît dans le secret de nous-mêmes, dans ce lieu intérieur que les autorités spirituelles appellent souvent le coeur. Ce qui prie en nous, c’est le mystère le plus intime de nous-mêmes. C’est ce mystère qui prie. Les émotions prient, mais on ne peut pas dire que la prière soit seulement une émotion. L’intelligence prie, mais prier n’est pas seulement un acte intellectuel. Le corps prie, mais on peut parler avec Dieu également en étant affecté par l’invalidité la plus grave. C’est donc tout l’homme qui prie, si son coeur prie. La prière est un élan, c’est une invocation qui va au-delà de nous-mêmes: quelque chose qui naît au plus profond de notre personne et qui sort de nous-mêmes, parce qu’il ressent la nostalgie d’une rencontre. Cette nostalgie qui est plus qu’un besoin, plus qu’une nécessité: c’est un chemin.
Les premières fêtes de l’année liturgique sont la célébration de ce Dieu qui ne reste pas caché, mais qui offre son amitié aux hommes. Dieu révèle Sa gloire dans la pauvreté de Bethléem, dans la contemplation des Rois Mages, dans le baptême dans le Jourdain, dans le prodige des noces de Cana. L’Evangile de Jean conclut par une affirmation synthétique le grand hymne du Prologue: Dieu, personne ne l’a jamais vu; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître (Jn 1, 18). C’est Jésus qui nous a révélé Dieu.
La prière du chrétien entre en relation avec le Dieu au visage très tendre, qui ne veut faire ressentir aucune peur aux hommes. C’est la première caractéristique de la prière chrétienne. Si les hommes étaient depuis toujours habitués à s’approcher de Dieu un peu intimidés, un peu effrayés par ce mystère fascinant et terrible, s’ils s’étaient habitués à Le vénérer avec une attitude servile, semblable à celle d’un sujet qui ne veut pas manquer de respect à son seigneur, les chrétiens s’adressent en revanche à Lui en osant L’appeler d’une manière confidentielle par le nom de Père.
Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera (Jn 15, 15-16).
Pape François, Catéchèse: La prière du chrétien / extraits (w2.vatican.va)
image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)