Morceaux choisis – 479 / Bernard de Clairvaux

Bernard de Clairvaux

Il me revient en mémoire, en ce moment, ce que le saint prophète Elisée répondit au prophète Elie, quand il lui disait de lui demander ce qu’il voudrait au moment où il se séparerait de lui, et lui serait enlevé: Que je reçoive, dit-il, une double part de l’Esprit que tu as reçu! Elie reprit: Tu demandes quelque chose de difficile: tu l’obtiendras si tu me vois lorsque je serai enlevé loin de toi. Sinon, tu ne l’obtiendras pas. (2 R 2, 9-10). Ne vous semble-t-il pas que le prophète Elie est la figure du Seigneur au jour de Son ascension, et que le prophète Elisée est celle des apôtres, qui soupirent avec inquiétude au moment où le Christ monte dans les cieux? De même que Elisée ne pouvait détacher ses yeux du prophète Elie, ainsi les apôtres ne pouvaient renoncer à la présence de Jésus-Christ. C’est à peine s’Il put les persuader que sans la foi il est impossible de plaire à Dieu. Mais que faut-il entendre par ce double esprit que Elisée demande, sinon la lumière de l’intelligence et la purification de la volonté? C’est une chose difficile que d’avoir ce double esprit, car il est bien rare de trouver sur la terre un homme à qui il soit donné de le posséder. Tu l’obtiendras, avait dit Elie, si tu me vois lorsque je serai enlevé loin de toi. Vos chers disciples, ô Seigneur Jésus, n’ont donc rien à perdre quand ils Vous verront Vous élever dans les cieux, et que, d’un regard plein de regret, ils Vous suivront dans Votre ascension pleine de force et de puissance. Nous pouvons certainement regarder comme le double esprit d’Elisée ce dont le Sauveur parle à ses apôtres en leur disant: Celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes (Jn 14, 12).

Eh bien, mes très chers frères, puisque c’est aujourd’hui que l’Epoux nous est enlevé, non sans que nos coeurs en ressentent quelque émotion et quelque trouble, mais pour nous envoyer l’Esprit de vérité, prions afin qu’Il nous trouve, ou plutôt qu’Il nous rende dignes de Le recevoir, et qu’Il remplisse la maison où nous nous trouvons réunis, et qu’Il nous instruise de toutes choses, qu’Il illumine notre intelligence et purifie notre volonté, qu’Il vienne enfin à nous et établisse Sa demeure en nous.

Bernard de Clairvaux, Sermon pour le jour de l’Ascension / extraits (abbaye-saint-benoit.ch)

image: http://www.lesvoyagesdemat.com

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