Morceaux choisis – 957 / Pape François

Jubilate Deo

Pape François

Le Paraclet dit à l’Eglise qu’aujourd’hui c’est le temps de la consolation. C’est le temps de la joyeuse annonce de l’Evangile plus que de la lutte contre le paganisme. C’est le temps d’apporter la joie du Ressuscité, non pas de se plaindre du drame de la sécularisation. C’est le temps de reverser l’amour sur le monde, sans épouser la mondanité. C’est le temps où il faut témoigner de la miséricorde plutôt que d’inculquer des règles et des normes. C’est le temps du Paraclet! C’est le temps de la liberté du cœur, dans le Paraclet.

Le premier conseil de l’Esprit Saint est: Habite le présent. Le présent, pas le passé ou l’avenir. Le Paraclet affirme la primauté d’aujourd’hui, contre la tentation de nous laisser paralyser par les amertumes et par la nostalgie du passé, ou de nous concentrer sur les incertitudes de demain et nous laisser obséder par les craintes pour l’avenir. L’Esprit nous rappelle la grâce du présent. Il n’y a pas de temps meilleur pour nous: maintenant, là où nous sommes, c’est le moment unique et irremplaçable pour faire du bien, pour faire de la vie un don. Habitons le présent!

Puis le Paraclet conseille: Cherche le tout. Le tout, pas la partie. L’Esprit ne façonne pas des individus fermés, mais nous fonde en tant qu’Eglise dans la variété multiforme des charismes, dans une unité qui n’est jamais uniformité. Le Paraclet affirme la primauté du tout. Dans le tout, dans la communauté, l’Esprit préfère agir et apporter la nouveauté. Regardons les Apôtres. Ils étaient très différents : parmi eux, par exemple, il y avait Matthieu, un publicain qui avait collaboré avec les Romains, et Simon, dit le Zélote, qui s’opposait à eux. Il y avait des idées politiques opposées, des visions du monde différentes. Mais quand ils reçoivent l’Esprit, ils apprennent à ne pas donner la primauté à leurs points de vue humains, mais au tout de Dieu. Aujourd’hui, si nous écoutons l’Esprit, nous ne nous concentrerons pas sur conservateurs et progressistes, traditionnalistes et innovateurs, droite et gauche : si les critères sont ceux-là, cela veut dire que dans l’Eglise on oublie l’Esprit. Le Paraclet pousse à l’unité, à la concorde, à l’harmonie des diversités. Il nous fait voir comme parties du même Corps, frères et sœurs entre nous. Cherchons le tout! Et l’ennemi veut que la diversité se transforme en opposition, c’est pourquoi il les transforme en idéologies. Dire non aux idéologies, oui au tout.

Enfin, le troisième grand conseil: Mets Dieu avant ton moi. C’est le pas décisif de la vie spirituelle, qui n’est pas une collection de nos mérites et de nos œuvres, mais l’humble accueil de Dieu. Le Paraclet affirme la primauté de la grâce. C’est seulement si nous nous vidons de nous-mêmes que nous laissons l’espace au Seigneur; c’est seulement si nous nous confions à Lui que nous nous retrouvons nous-mêmes; c’est seulement en étant pauvres en esprit que nous devenons riches d’Esprit Saint. Cela vaut aussi pour l’Eglise. Nous ne sauvons personne, et même pas nous-mêmes par nos forces. S’il y a d’abord nos projets, nos structures et nos plans de réformes nous tomberons dans le fonctionnalisme, dans l’efficience, dans l’horizontalisme et nous ne porterons pas de fruit. L’Eglise n’est pas une organisation humaine – elle est humaine, mais elle n’est pas seulement une organisation humaine -, l’Eglise est le temple de l’Esprit Saint. Jésus a apporté le feu de l’Esprit sur la terre et l’Eglise se réforme avec l’onction, la gratuité de l’onction de la grâce, avec la force de la prière, avec la joie de la mission, avec la beauté désarmante de la pauvreté. Mettons Dieu à la première place!

Pape François, Messe pour la Solennité de la Pentecôte / extrait – 23 mai 2021 (vatican.va)

image: https://www.titrespresse.com

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