Morceaux choisis – 3 / Thomas Merton

Thomas Merton

Ceux qui aiment le bruit qu’ils font ne peuvent supporter autre chose. Ils déshonorent constamment le silence des forêts, des montagnes et de la mer. Avec leurs machines, ils vrillent de tous côtés la nature silencieuse, de peur qu’un monde calme ne les accuse d’être vides. Leurs gestes pressés, qui prétendent avoir une raison d’être, semblent ignorer la tranquillité de la nature. L’avion géant semble un instant, par sa trajectoire, son vacarme et son apparente puissance, nier la réalité des nuages et du ciel. Mais, l’avion disparu, le silence du ciel demeure, et la tranquillité des nuages lorsqu’il se sera brisé. C’est le silence du monde qui est réel. Notre tumulte, nos affaires, nos projets et toutes nos déclarations prétentieuses à ce sujet sont des illusions. Que la maison soit vide ou pleine d’enfants, que les hommes partent à la ville ou aux champs sur des tracteurs, que le paquebot entre au port avec des soldats ou des touristes, l’amandier fleurit en silence.  

Thomas Merton, Nul n’est une île (Seuil, 1956)

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