Morceaux choisis – 469 / Yves Raguin

Yves Raguin

Quand Dieu attire quelqu’un à Lui, au point même de lui faire perdre, pour un temps, le souci des autres, ce n’est pas pour l’accaparer, mais pour lui faire vivre l’absolu de cette relation. Dieu lui fait transcender son égoïsme et lui donne un coeur comme le Sien, capable d’aimer tout homme d’un amour semblable à celui du Christ.

Quand j’entre en contemplation, ce n’est pas moi que je rencontre, mais le Christ. Ce Christ n’est pas là pour m’aider à me complaire en mes idées. Il est là, tel que je Le connais par Son Evangile, me présentant un idéal qui n’est pas naturellement le mien et contestant mes petites idées. Il m’empêche de me refermer sur moi-même et de m’en tenir à l’amour de ceux qui m’aiment ou que j’aime naturellement. Il me fait comprendre que tout être humain est concrètement mon frère, même si, dans l’atlas, Son pays est très loin et Son gouvernement ennemi du mien.

Le contact direct avec le Christ dans la contemplation ouvre donc à un nouveau mode de relations. Il donne aux relations humaines leur vraie profondeur. Par ailleurs, l’expérience humaine de l’amitié et de l’amour me permet de goûter l’amour que Dieu me témoigne. Cette expérience me donne un langage pour décrire la douceur ou l’exultation de l’amour divin. Mais c’est la touche secrète de Dieu au fond de moi, la rencontre par-delà ce que je puis dire, là où je suis sans voix, qui finalement donnent toute sa signification au je T’aime que j’adresse à Dieu.

Yves Raguin, L’Esprit sur le monde (Desclée de Brouwer, 1975)

image: http://www.gettyimages.ch

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