Morceaux choisis – 977 / Marie Cénec

Marie Cénec

Jusqu’où une institution religieuse peut-elle tolérer une parole libre si puissante, dangereuse? Une parole qui peut la faire vaciller, une parole qui brise la chape des secrets délétères et des abus de pouvoir? Une parole prophétique qui l’emmène au-delà d’elle-même?

Une parole libre, tranchante, n’est-ce pas cela que Jésus portait? Dans les Evangiles, Il renvoie les personnes à elles-mêmes, les autorise à se replonger dans le cours profond de leur existence. Tous ne sont pas obligés de Lui emboîter le pas comme les disciples, mais tous sont appelés à se laisser déplacer par cette parole, si elle leur parle… Une parole capable de déminer la souffrance et le malaise. Une parole qui sonne juste. Une parole qui permet de remettre en mouvement ce qui était paralysé, fragilisé. Une parole qui permet l’envol…

Une parole enfin libérée, peut-elle s’encager à nouveau? C’est un oiseau libre devenu indomptable. Dans le nid de la religion, cette parole libre s’est posée en moi, et j’essaie de rester fidèle à son chant.

Marie Cénec, L’insolence de la parole (coll. J’y crois/Bayard, 2020)

image: Chaire de la cathédrale Saint-Pierre, Genève / Suisse (fr.wikipedia.org) 

 

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