Seigneur, apprends-nous à prier – 59

Pape François

Seigneur, apprends-nous à prier – LIX

Quand nous prions, nous ne le faisons jamais seuls: même si nous n’y pensons pas, nous sommes plongés dans un fleuve majestueux d’invocations qui nous précède et qui se poursuit après nous. 

Dans les prières que nous trouvons dans la Bible, et qui retentissent souvent dans la liturgie, on trouve la trace d’antiques histoires, de libérations prodigieuses, de déportations et d’exils tristes, de retours émouvants, de louanges prononcées devant les merveilles de la création. Et ainsi, ces voix se transmettent de génération en génération, dans un mélange incessant entre l’expérience personnelle et celle du peuple et de l’humanité à laquelle nous appartenons. Personne ne peut se détacher de sa propre histoire, de l’histoire de son peuple; nous portons cet héritage dans nos habitudes et également dans la prière. Dans la prière de louange, en particulier dans celle qui naît du cœur des petits et des humbles, retentit quelque chose du chant du Magnificat que Marie éleva à Dieu devant sa parente Elisabeth; ou de l’exclamation du vieux Siméon qui, prenant l’Enfant Jésus dans les bras, dit ceci: Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. (Lc 2, 29) 

Les prières – celles qui sont bonnes – se propagent dans cesse: à partir des chambres d’hôpital, des moments de retrouvailles festifs, comme de ceux où l’on souffre en silence… La douleur de chacun est la douleur de tous, et le bonheur d’une personne se déverse dans l’âme des autres personnes. La douleur et le bonheur font partie de l’unique histoire: ce sont des histoires qui deviennent histoire dans notre propre vie. On revit l’histoire avec ses propres mots, mais l’expérience est la même.

Les prières renaissent toujours: chaque fois que nous joignons les mains et que nous ouvrons notre cœur à Dieu, nous nous retrouvons en compagnie de saints anonymes et de saints reconnus qui prient avec nous, et qui intercèdent pour nous, comme des frères et sœurs aînés qui sont passés par notre même aventure humaine. Dans l’Eglise, il n’y a pas un deuil qui reste solitaire, il n’y a pas une larme qui soit versée dans l’oubli, car tout respire et participe d’une grâce commune. Ce n’est pas un hasard si dans les églises antiques les sépultures se trouvaient précisément dans le jardin autour de l’édifice sacré, comme pour dire qu’à chaque Eucharistie participe, d’une certaine manière, la foule de ceux qui nous ont précédés. Il y a nos parents et nos grands-parents, il y a les parrains et les marraines, il y a les catéchistes et les autres éducateurs… Cette foi communiquée, transmise, que nous avons reçue: avec la foi a également été transmise la manière de prier, la prière.

Pape François, Catéchèse: Prier en communion avec les saints I / extraits (w2.vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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