Se réjouir avec Saint Bernard – 3

Se réjouir avec Saint Bernard – III

C’est de la venue d’une si grande Majesté, d’une si profonde humilité, d’une telle charité et d’une gloire si grande pour nous, que l’Eglise entière fait tous les ans avec solennité la mémoire. Ah! plût à Dieu qu’on la célébrât maintenant comme on la célébrera dans l’éternité! Ce serait bien mieux. Quelle folie n’est-ce point en effet, après la venue d’un si grand Roi, de vouloir ou d’oser nous occuper encore de tout autre chose, plutôt que d’oublier tout le reste, pour ne plus vaquer qu’à Son culte et ne plus penser qu’à Lui en Sa présence?

Mais tous les hommes ne sont point du nombre de ceux dont le Prophète disait: Les yeux sur toi, tous, ils espèrent: tu leur donnes la nourriture au temps voulu (Ps 144, 15). Il y en a si peu qui s’en nourrissent! Or, on ne peut exhaler le goût et l’odeur de ce qu’on n’a point goûté ou de ce qu’on a à peine goûté, la bouche n’exhale l’odeur que de ce dont l’estomac est plein et rassasié. Voilà comment il se fait que ceux dont l’esprit et la vie sont tout de ce monde, n’exhalent jamais la bonne odeur de ces douceurs ineffables. Alors même qu’ils en célèbrent la mémoire, ils passent ces jours de fête sans dévotion, sans piété et dans une sorte d’aridité pareille à celle des autres jours.

Mais ce qu’il y a de plus condamnable, c’est que le souvenir de cette grâce inestimable est une occasion de fêtes charnelles, en sorte qu’on voit les hommes, dans ces jours de solennité, rechercher les parures et les délices de la table avec tant d’ardeur qu’on pourrait croire que le Christ n’a pas eu autre chose en vue, en naissant, et qu’on est d’autant plus assuré de Lui plaire qu’on déploie plus de luxe en ce genre.

Pourquoi cette ambition à vous procurer des vêtements pour le jour de Ma naissance? Je déteste l’orgueil, bien loin de l’aimer. Pourquoi cette ardeur et ce soin à préparer une foule de mets pour cette époque? Je blâme les délices de la table, bien loin de les estimer agréables. Alors donc que vous célébrez Ma venue, vous ne M’honorez que du bout des lèvres, votre coeur est loin de Moi; ce n’est même pas Moi que vous honorez, car votre Dieu, c’est votre ventre, et vous placez votre gloire dans ce qui fait votre honte. Celui qui recherche la vanité du monde et les voluptés sensuelles est bien malheureux; il n’y a de bonheur que pour ceux dont le Seigneur seul est le Dieu. 

Bernard de Clairvaux, Troisième sermon de l’Avent / extrait (abbaye-saint-benoit.ch)

image: duec-savoiedauphine.over-blog.com

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