Morceaux choisis – 974 / Michel Aupetit

Michel Aupetit

Il faut reconnaître que certaines lectures bibliques commencent plutôt mal. Quand, par exemple, le prophète Isaïe nous dit: Voici votre Dieu: c’est la vengeance qui vient (Is 35, 4). La vengeance, nous la connaissons. Elle est la source de tous les conflits, des guerres, de la violence. Bref, la vengeance est le signe de notre inhumanité. Alors? Ici, il s’agit de la vengeance de Dieu qui est tout autre chose que ces misérables rancœurs qui nous rongent l’âme et nous conduisent aux pires excès. La vengeance de Dieu, c’est que les aveugles voient, que les sourds entendent, que les boiteux bondissent, que les muets parlent (cf. Mc 7, 31-37). La vengeance de Dieu, c’est le Christ, affirme saint Jérôme. C’est donc la seule vengeance qui soit permise aux chrétiens.

Oui, Jésus accomplit la vengeance de Dieu: Il ouvre les yeux des aveugles, l’oreille des sourds, la bouche des muets. Mais il ouvre aussi nos cœurs fermés, confinés dans nos petites certitudes étriquées. Surtout, Jésus, dont le nom signifie Dieu sauve, nous ouvre un avenir nouveau qui dépasse largement notre vision limitée d’un salut réduit à la bonne santé qui n’est en réalité qu’un sauvetage pour échapper temporairement à la mort. Nous luttons contre la mortalité due à la Covid 19 évaluée à 0,05%, alors que nous sommes certains de notre mort inéluctable à 100 %. La santé est précieuse, le salut est vital.

Jésus n’est pas venu d’abord pour guérir. Il faut bien reconnaître qu’il serait dérisoire que Dieu vienne habiter l’humanité pour jouer les médecins exceptionnels. Jésus nous ouvre à la vie divine et nous sauve de la mort éternelle en nous faisant entrer dans la communion d’amour avec Dieu qui dépasse le temps et l’espace. La connaissance intime de Jésus-Christ qui fait de nous des disciples et la certitude de son amour universel pour l’humanité nous conduisent à devenir des missionnaires qui offrent à notre société ce que le Christ a apporté en son temps: la guérison, la paix, la joie, la bienveillance, l’amour, la concorde, le pardon et l’amitié de Dieu qui conduisent au salut éternel.

Michel Aupetit, Messe du 5 septembre 2021 / extrait (paris.catholique.fr)

image: Duccio di Buoninsegna, La guérison de l’Aveugle (dimancheprochain.org)

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