Morceaux choisis – 534 / François Mauriac

François Mauriac

Combien d’adorateurs en esprit et en vérité ont été écartés à cause de certaines tolérances, de certaines complaisances pour ce qui subsiste de païen et de fétichiste dans l’homme, nous le saurons un jour, mais nous l’entrevoyons dès maintenant. Les plus belles âmes qu’il m’ait été donné de connaître, surtout parmi les femmes, je les ai rencontrées sur les confins de la libre pensée et de la foi, du protestantisme et du catholicisme, de l’humanisme rationaliste et de l’Evangile, peut-être parce qu’elles échappaient encore à la routine, aux déformations de la pratique, et qu’elles étaient déjà inondées de grâce. 

Sur ces confins, plus d’une fois j’ai vu tous les orages d’une vie passionnée se résoudre en une pluie féconde et l’amour des créatures se transmuer en un amour de Dieu qui allait d’un seul coup à la sainteté.

François Mauriac, La pierre d’achoppement, dans: Oeuvres autobiographiques (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1990)

image: http://apnendelire.eklablog.com

Auteur/autrice

Partager sur:

Dernières publications