Marie de Hennezel
D’aucuns diront qu’une vie qui ne permet plus d’être fidèle à soi-même ne vaut plus la peine d’être vécue. On crie à la perte de dignité. Aussi oublie-t-on toutes ces ressources insoupçonnées qui dorment dans les souterrains de l’être, toutes ces richesses que nous n’avons pas exploitées, parce que nous en avons privilégié d’autres. Toute cette vie intérieure, intime, affective, spirituelle. Il y a sûrement encore beaucoup à apprendre, à la fin d’une vie, de ces registres de la personne humaine si négligés dans notre monde. Il y a peut-être beaucoup à enseigner aux autres sur ce plan, quand on va mourir. Je sais bien tout ce que je reçois et tout ce que j’apprends de ceux qui ne peuvent plus rien faire, sinon être là. De ceux qui n’ont plus rien à offrir que leur sourire, ou leur regard grand ouvert, ou encore leur manière si délicate de se laisser soigner. Ils m’ont appris à être plus simple et plus humaine.
Marie de Hennezel, La mort intime (Pocket 2006)