Jésus-Christ ou rien – LV
Bernard Bro
La vie du chrétien est marquée par trois consécrations. La première et la dernière ne dépendent pas de nous: la première nous est offerte avant même que notre liberté ne se soit pleinement éveillée. La dernière nous consumera par la Gloire du Ressuscité. Mais, entre les deux, nous sommes invités à découvrir jusqu’où va la consécration de notre liberté: elle nous est donnée pas à pas comme le plus beau des cadeaux, un cadeau irrémissible, le don de cette innocence retrouvée qui nous permet chaque jour de réentendre la voix de Dieu: Veux-tu consentir? Veux-tu que Je continue? Veux-tu que ta vie soit une action à deux? Veux-tu que pour cela J’aille jusqu’au bout?
Veux-tu consentir totalement? Qui n’a pas entendu cette question de Dieu? C’est celle qui est proposée à chaque profession de foi, lorsqu’un chrétien consacre sa liberté au moment de son entrée dans l’âge adulte. Mais pour être capable d’entendre cette question et de répondre oui ou non, il faut que chacun d’entre nous, nous ayons d’abord été entourés, baignés, portés, enveloppés par cette grâce du Christ. Alors, repousser le baptême des petits enfants, ne serait-ce pas refuser à un être humain sa chance, peut-être la plus grande, de poser l’acte le plus pleinement libre de sa vie?
Vous savez qu’après beaucoup de recherches, on a reconnu comme authentiques, dans des textes autres que les Evangiles, dix-huit paroles de Jésus que le Nouveau Testament ne nous avait pas conservées. Elles sont admirables. L’une d’elles résume toute la consécration que le baptême opère: Celui qui est près de moi, dit le Christ, est près du feu. Celui qui est loin de moi, est loin du Royaume (Evangile de Thomas). Oui, le baptême est dangereux, comme le feu. Car il nous engage à aller jusqu’au bout, et il est bon de savoir que le feu ne dit jamais: Assez! (Pr 30, 16)
Bernard Bro, Devenir Dieu / extraits (Cerf, 1978)
image: Pericle Fazzini, La Résurrection – Salle d’audience Paul VI, Vatican (bestglitz.com)
