Seigneur, apprends-nous à prier – 74

Pape François

Seigneur, apprends-nous à prier – LXXIV

Jésus adolescent a appris le métier de charpentier par son père. C’est pourquoi, lorsqu’à l’âge adulte Il commença à prêcher, ses voisins étonnés demandèrent: D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles? (Mt 13, 54) et ils étaient profondément choqués à son sujet (Mt 13, 57) parce qu’Il était le fils d’un charpentier, mais parlait comme un docteur de la loi. Cela les choquait.

Ce fait biographique concernant Joseph et Jésus me fait penser à tous les travailleurs du monde, en particulier ceux qui effectuent des travaux pénibles dans les mines et dans certaines usines; ceux qui sont exploités par le travail au noir; les victimes du travail; les enfants qui sont forcés de travailler et ceux qui fouillent dans les décharges à la recherche d’un objet à revendre… Ce qui te donne la dignité, c’est de gagner du pain, et si nous ne donnons pas à notre peuple, à nos hommes et à nos femmes, la possibilité de gagner du pain, c’est une injustice sociale dans ce lieu, dans cette nation, sur ce continent. Les gouvernants doivent donner à tous la possibilité de gagner leur pain, car ce gain leur donne de la dignité. C’est une onction de dignité, le travail. Et c’est important. Beaucoup de jeunes gens, tant de pères et tant de mères vivent le drame de ne pas avoir un emploi qui leur permette de vivre sereinement. Ils vivent au jour le jour. Et tant de fois, leur quête devient si dramatique qu’ils en viennent à perdre toute espérance et tout désir de vivre.

On ne tient pas assez compte du fait que le travail est une composante essentielle dans la vie humaine et aussi sur le chemin de sanctification. Le travail n’est pas seulement un moyen de gagner sa vie: c’est aussi un lieu où nous nous réalisons, où nous nous sentons utiles et où nous apprenons la grande leçon du concret, qui aide la vie spirituelle à ne pas devenir du spiritualisme. Mais malheureusement, le travail est souvent otage de l’injustice sociale et, au lieu d’être un moyen d’humanisation, il devient une périphérie existentielle. Je me demande souvent: Avec quel esprit faisons-nous notre travail quotidien? Comment gérons-nous la fatigue? Considérons-nous que notre activité est liée uniquement à notre propre destin ou également à celui des autres? En fait, le travail est un moyen d’exprimer notre personnalité, qui est par nature relationnelle. Et le travail est aussi un moyen d’exprimer notre créativité: chacun fait son travail à sa manière, avec son propre style; le même travail mais avec un style différent.

C’est beau de penser que Jésus Lui-même a travaillé et qu’Il a appris cet art de saint Joseph. Nous devons nous demander ce que nous pouvons faire pour récupérer la valeur du travail; et quelle contribution nous pouvons apporter, en tant qu’Eglise, afin qu’il soit libéré de la logique du simple profit et puisse être vécu comme un droit et un devoir fondamentaux de la personne, exprimant et accroissant sa dignité.

Je voudrais aujourd’hui réciter avec vous la prière que saint Paul VI a adressée à saint Joseph le 1er mai 1969:

O Saint Joseph, patron de l’Eglise, toi qui, à côté du Verbe Incarné travailla chaque jour pour gagner le pain. tirant de Lui la force de vivre et de peiner; toi qui éprouva l’angoisse des lendemains, l’amertume de la pauvreté, la précarité du travail: toi qui fais briller aujourd’hui l’exemple de ta personne, humble devant les hommes mais très grande devant Dieu, protège les travailleurs dans leur dure existence quotidienne; empêche-les de tomber dans le découragement, la révolte négative, comme dans les tentations du plaisir; et maintiens la paix dans le monde, cette paix qui seule peut garantir le développement des peuples. Amen.

Pape François, Catéchèse sur le saint Joseph / extraits (w2.vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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