Morceaux choisis – 92 / Ephrem le Syrien

Ephrem le Syrien

Qui est capable de comprendre toute la richesse d’une seule de tes paroles, ô Dieu? Ce que nous en comprenons est bien moindre que ce que nous en laissons, tout comme les gens assoiffés qui s’abreuvent à une source. Les perspectives de ta parole sont nombreuses, tout comme sont nombreuses les perspectives de ceux qui l’étudient. 

Le Seigneur a coloré Sa parole de multiples beautés, pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu’Il aime. Et Il a caché dans Sa parole tous les trésors pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu’il médite. Sa parole est un arbre de vie qui, de toutes parts, te tend des fruits bénis; elle est comme ce rocher ouvert dans le désert, qui devint pour tout homme, de toutes parts, une boisson spirituelle: lls ont mangé un aliment spirituel, et ils ont bu un breuvage spirituel. (1 Co 10, 3-4)

Que celui qui obtient en partage une de ces richesses n’aille pas croire qu’il n’y a dans la parole de Dieu que ce qu’il y trouve; qu’il se rende compte plutôt qu’il n’a été capable d’y découvrir qu’une seule chose parmi bien d’autres. Enrichi par la parole, qu’il ne croie pas que celle-ci est appauvrie; incapable d’épuiser sa richesse, qu’il rende grâces pour sa grandeur.

Réjouis-toi, parce que tu es rassasié, mais ne t’attriste pas de ce que la richesse de la parole te dépasse. Celui qui a soif se réjouit de boire, mais il ne s’attriste pas de son impuissance à épuiser la source. Mieux vaut que la source apaise ta soif, plutôt que ta soif n’épuise la source. Si ta soif est étanchée sans que la source soit tarie, tu pourras y boire à nouveau, chaque fois que tu auras soif. Si, au contraire, en te rassasiant, tu épuisais la source, ta victoire deviendrait ton malheur.

Rends grâce pour ce que tu as reçu et ne murmure pas pour ce qui demeure inutilisé. Ce que tu as pris et emporté est ta part; mais ce qui reste est aussi ton héritage. Ce que tu n’as pas pu recevoir aussitôt à cause de ta faiblesse, reçois-le à d’autres moments grâce à ta persévérance. N’aie l’impudence, ni de vouloir prendre d’un coup ce qui ne peut être pris en une fois, ni de t’écarter de ce que tu pouvais recevoir peu à peu.

Ephrem le Syrien, Commentaire sur l’Evangile concordant ou Diatessaron (coll. Sources Chrétiennes/Cerf, 1966)

image: http://days.pravoslavie.ru

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