Pape François
Seigneur, apprends-nous à prier – LXXVIII
Le pape Benoît XV, il y a un siècle, écrivait que par Joseph, nous allons directement à Marie, et par Marie à l’origine de toute sainteté, qui est Jésus. Aussi bien Joseph que Marie nous aident à aller à Jésus. Et encourageant les pratiques pieuses en l’honneur de saint Joseph, il en recommande une en particulier, et disait ceci: Puisqu’il est considéré à juste titre comme le protecteur le plus efficace des mourants, ayant expiré avec l’assistance de Jésus et de Marie, il sera du ressort des saints pasteurs d’inculquer et de favoriser les pieuses associations qui ont été instituées pour implorer Joseph en faveur des mourants, comme celles de la Bonne Mort, du Transit de Saint Joseph et pour les Agonisants. C’étaient les associations de l’époque.
Notre relation avec la mort ne concerne jamais le passé, mais c’est toujours le présent. Le pape Benoît XVI disait il a quelques jours, en parlant de lui-même, qu’il se tient devant la porte obscure de la mort. C’est bien de remercier le Pape qui a cette lucidité, à 95 ans, pour nous dire ceci : Je suis devant l’obscurité de la mort, la porte obscure de la mort. Un bon conseil qu’il nous a donné, n’est-ce pas? La soi-disant culture du bien-être tente d’évacuer la réalité de la mort, mais de manière spectaculaire la pandémie de coronavirus l’a remise en évidence. Cela a été terrible: la mort était partout, et tant de frères et de sœurs ont perdu des êtres chers sans pouvoir être près d’eux, ce qui a rendu la mort encore plus difficile à accepter et à traiter. Une infirmière me racontait qu’elle se trouvait devant une grand-mère en train de mourir de Covid, et qu’elle lui a dit: Je voudrais dire au revoir aux miens avant de m’en aller. Et l’infirmière, assez courageuse, a sorti son téléphone portable et l’a connectée avec les siens. La tendresse de cet adieu…
Chers frères et sœurs, ce n’est que par la foi en la résurrection que nous pouvons regarder l’abîme de la mort sans être submergés par la peur. Non seulement cela, mais nous pouvons redonner un rôle positif à la mort. En effet, la réflexion sur la mort, éclairée par le mystère du Christ, nous aide à regarder d’un œil nouveau toute la vie. Ce que nous devons accumuler, c’est la charité, la capacité de partager, la capacité de ne pas rester indifférents aux besoins des autres. Ou encore, à quoi bon se disputer avec un frère, ou avec une sœur, un ami, un membre de la famille ou un frère ou une sœur dans la foi si ensuite un jour nous mourrons? Quel est l’intérêt de se mettre en colère contre les autres? Face à la mort, tant de questions sont redimensionnées. C’est bon de mourir réconcilié, sans rancune et sans regret! Je voudrais dire une vérité: tous nous cheminons vers cette porte, tous. L’Evangile nous dit que la mort arrive tel un voleur, comme le dit Jésus, et même si nous essayons de maîtriser son arrivée, peut-être en planifiant notre propre mort, elle reste un événement avec lequel nous devons compter et devant lequel nous devons aussi faire des choix.
Deux considérations s’imposent à nous, chrétiens. La première est que nous ne pouvons pas éviter la mort, et c’est précisément pour cette raison que, après avoir fait tout ce qui est humainement possible pour guérir la personne malade, il est immoral de s’engager dans l’acharnement thérapeutique. Cette phrase du peuple fidèle de Dieu, des gens simples : Laisse-le mourir en paix: quelle sagesse ! La deuxième considération concerne la qualité de la mort elle-même, la qualité de la douleur, de la souffrance. En effet, nous devons être reconnaissants pour toute l’aide que la médecine s’efforce d’apporter, afin que, grâce aux soins palliatifs, toute personne qui s’apprête à vivre la dernière partie de sa vie puisse le faire de la manière la plus humaine possible. Il faut prendre soin des personnes âgées comme d’un trésor de l’humanité: elles sont notre sagesse. Ce sont celles qui nous ont précédés et qui nous ont laissé tant de belles choses, tant de souvenirs, tant de sagesse. S’il vous plaît, n’isolez pas les personnes âgées, ne précipitez pas leur mort. Caresser une personne âgée, c’est la même espérance que caresser un enfant, car le début de la vie et la fin sont toujours un mystère, un mystère qu’il faut respecter, accompagner, soigner, aimer.
Que saint Joseph nous aide à vivre le mystère de la mort de la meilleure manière possible. Pour un chrétien, la bonne mort est une expérience de la miséricorde de Dieu, qui est proche de nous aussi dans ce dernier moment de notre vie. Egalement dans la prière de l’Ave Maria, nous demandons à la Vierge d’être près de nous à l’heure de notre mort.
Pape François, Catéchèse sur saint Joseph / extraits (w2.vatican.va)
image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)