Seigneur, apprends-nous à prier – 83

Pape François

Seigneur, apprends-nous à prier – LXXXIII

Dans la Bible, le récit de la mort du vieux Moïse est précédé de son testament spirituel, appelé Cantique de Moïse. Il est avant tout une très belle confession de foi: C’est le nom du Seigneur que j’invoque; à notre Dieu, reportez la grandeur. Il est le Rocher: son œuvre est parfaite; tous ses chemins ne sont que justice. Dieu de vérité, non pas de perfidie, il est juste, il est droit (Dt 32, 3-4).

Une vieillesse à laquelle est accordée cette lucidité est un don précieux pour la génération future. L’écoute personnelle et directe du récit de l’histoire de la foi vécue, avec tous ses hauts et ses bas, est irremplaçable. Le lire dans des livres, le regarder dans les films, le consulter sur internet, ne sera jamais la même chose. Cette transmission – qui est la vraie tradition, la transmission concrète du vieux au jeune! – cette transmission manque beaucoup aujourd’hui, et toujours plus aux nouvelles générations. Pourquoi? Parce que cette nouvelle civilisation a l’idée que les personnes âgées doivent être mises au rebut. Le récit direct, de personne à personne, a des tonalités et modes de communication qu’aucun autre moyen ne peut substituer. Un vieil homme qui a vécu longtemps et obtient le don d’un témoignage lucide et passionné de son histoire est une bénédiction irremplaçable. Sommes-nous capables de reconnaître et d’honorer ce don des personnes âgées? La transmission de la foi – et du sens de la vie – suit-elle aujourd’hui ce chemin de l’écoute des personnes âgées?

Je peux donner ici un témoignage personnel: La haine et la colère contre la guerre m’ont été transmises par mon grand-père qui a combattu sur le Piave en 1914, et il m’a transmis cette colère contre la guerre. Parce qu’il m’a raconté les souffrances d’une guerre. Et ça, on ne l’apprend pas dans les livres ni d’une autre manière. On l’apprend de cette façon, en le transmettant des grands-parents aux petits-enfants. Et cela est irremplaçable. Aujourd’hui, malheureusement, ce n’est pas le cas. Et pourtant, ils sont la mémoire vivante d’un peuple. Dans notre culture, si politiquement correcte, ce chemin de la transmission semble entravé de nombreuses manières: dans la famille, dans la société, même dans la communauté chrétienne. Certains proposent même d’abolir l’enseignement de l’histoire, comme d’une information superflue sur des mondes qui n’ont plus de pertinence, qui soustraient des ressources à la connaissance du présent. Comme si nous étions nés hier, non?

Pape François, Catéchèse sur la vieillesse / extraits (w2.vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

Print Friendly, PDF & Email

Auteur/autrice

Partager sur:

Dernières publications