Chemins de traverse – 881 / Hector Bianciotti

Hector Bianciotti

Longtemps je n’ai connu du monde que la nature la plus austère, la plus avaricieuse qui soit: un sol étendu à l’infini qui ignore les aménités que le mot paysage suggère, les lignes courbes qui conduisent le regard étant bannies d’une surface si homogène qu’on la dirait d’avant la Création, en dehors de l’insaisissable circonférence où le ciel et la terre s’inventent des limites. L’aube en s’ouvrant la dénude, la lumière de midi l’anéantit, le vent en provenance des origines du monde la balaie, soulevant au passage de hauts rideaux de poussière qui obscurcissent le soleil avant de retomber, telle une bruine sèche, avec lenteur. Dans ces contrées, là-bas, le centre du monde se déplace avec chaque homme qui marche et toutes les distances rayonnent à partir de son pas.

Hector Bianciotti, Ce que la nuit raconte au jour (coll. Folio/Gallimard, 2000)

image: Ulf Andersen, Hector Bianciotti (bibliobs.nouvelobs.com)

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