Seigneur, apprends-nous à prier – 87

Pape François

Seigneur, apprends-nous à prier – LXXXVII

Aujourd’hui, nous continuons à réfléchir sur les personnes âgées, sur les grands-parents, sur la vieillesse: ce mot sonne mal, mais non, les vieux sont grands, ils sont beaux! Et aujourd’hui, nous serons inspirés par le merveilleux livre de Ruth, un joyau de la Bible. La parabole de Ruth met en lumière la beauté des liens familiaux, générés par la relation du couple, mais qui vont au-delà. Des liens d’amour capables d’être tout aussi forts, dans lesquels rayonne la perfection de ce polyèdre d’affections fondamentales qui forment la grammaire familiale de l’amour. Cette grammaire apporte une sève vitale et une sagesse générative à l’ensemble des relations qui constituent la communauté. Par rapport au Cantique des cantiques, le livre de Ruth est comme l’autre panneau du diptyque de l’amour nuptial. Tout aussi important, tout aussi essentiel, il célèbre en effet la puissance et la poésie qui doivent habiter les liens de génération, de parenté, de dévouement et de fidélité qui enveloppent toute la constellation familiale.

Je vous invite à redécouvrir le livre de Ruth! Surtout dans la méditation sur l’amour et dans la catéchèse sur la famille.Ce petit livre contient un enseignement précieux sur l’alliance des générations:  où la jeunesse se révèle capable de redonner de l’enthousiasme à l’âge mûr – cela est essentiel – quand la jeunesse redonne de l’enthousiasme aux personnes âgées, où la vieillesse se révèle capable de rouvrir l’avenir d’une jeunesse blessée. Dans un premier temps, la vieille Noémi, bien qu’émue par l’affection de ses belles-filles, veuves de ses deux fils, se révèle pessimiste quant à leur sort au sein d’un peuple qui n’est pas le leur. C’est pourquoi elle encourage affectueusement les jeunes femmes à retourner dans leur famille pour se refaire une nouvelle vie – ces jeunes femmes veuves étaient jeunes – et leur dit: Mon sort est trop amer pour que vous le partagiez (Rt 1, 13). Cela apparaît déjà comme un acte d’amour: la vieille femme, sans mari et sans plus d’enfants, insiste pour que ses belles-filles l’abandonnent. Mais c’est aussi une sorte de résignation: il n’y a pas d’avenir possible pour les veuves étrangères, privées de la protection de leurs maris. Ruth le sait et résiste à cette offre généreuse; elle ne veut pas quitter sa maison: Ne me force pas à t’abandonner et à m’éloigner de toi, car où tu iras, j’irai; où tu t’arrêteras, je m’arrêterai; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu (Rt 1, 16).

Noémi, qui était pleine d’amertume connaîtra dans sa vieillesse la joie d’avoir participé à la génération d’une nouvelle naissance. Voyez combien de miracles accompagnent la conversion de cette vieille femme! Elle se convertit à l’engagement de se rendre disponible, avec amour, pour l’avenir d’une génération blessée par la perte et risquant l’abandon. Les fronts de la recomposition sont les mêmes que ceux qui, selon les probabilités tracées par les préjugés du bon sens, devraient engendrer des fractures insurmontables. Au contraire, la foi et l’amour permettent de les surmonter: la belle-mère surmonte sa jalousie à l’égard de son propre fils, en aimant le nouveau lien de Ruth; les femmes d’Israël surmontent leur méfiance à l’égard de l’étranger (et si les femmes le font, tout le monde le fera); la vulnérabilité de la jeune fille seule, face au pouvoir masculin est réconciliée par un lien plein d’amour et de respect.

Dans ce livre, Ruth accepte sa belle-mère et la fait revivre, et la vieille Noémi prend l’initiative de rouvrir l’avenir à Ruth, au lieu de se contenter de profiter de son soutien. Si les jeunes s’ouvrent à la gratitude pour ce qu’ils ont reçu et que les personnes âgées prennent l’initiative de relancer leur avenir, rien ne pourra arrêter la floraison de bénédictions de Dieu entre les peuples! Surtout, que les jeunes parlent avec leurs grands-parents, que les jeunes parlent avec les personnes âgées, que les personnes âgées parlent avec les jeunes. Nous devons rétablir ce pont avec force, il y a là un courant de salut, de bonheur. En faisant cela, que le Seigneur nous aide à croître en harmonie dans les familles, cette harmonie constructive qui va des personnes âgées aux plus jeunes, ce beau pont que nous devons conserver et surveiller. 

Pape François, Catéchèse sur la vieillesse / extraits (w2.vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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