Regards ignatiens – III

attribué à Jean-Pierre de Caussade

Nous sommes dans les siècles de la foi. Le Saint-Esprit n’écrit plus d’Evangile que dans les coeurs. Toutes les actions, tous les moments des saints sont l’Evangile du Saint-Esprit. Les âmes saintes sont le papier, leurs souffrances et leurs actions sont l’encre. Le Saint-Esprit, par la plume de Son action, écrit un Evangile vivant. Et on ne pourra le lire qu’au jour de la gloire où, après être sorti de la presse de cette vie, on le publiera.

O la belle histoire! Le beau livre que l’Esprit Saint écrit présentement! Il est sous la presse, âmes saintes, il n’y a point de jour qu’on n’en arrange les lettres, que l’on n’y applique l’encre, que l’on n’en imprime les feuilles. Mais nous sommes dans la nuit de la foi: le papier est plus noir que l’encre, il n’y a que confusion dans les caractères, c’est une langue d’un autre monde, on n’y entend rien. Vous ne pouvez lire cet Evangile dans le ciel. Si nous pouvions voir la vie et regarder toutes les créatures non en elles-mêmes mais dans leur principe; si nous pouvions, encore un coup, voir la vie de Dieu dans tous les objets comme l’action divine les meut, les mêle, les assemble, les oppose, les pousse avec des termes contraires, nous reconnaîtrions que tout a ses raisons, ses mesures, ses proportions, ses rapports dans ce divin ouvrage.

Apprenez-moi, divin Esprit, à lire dans ce livre de vie! Je peux devenir Votre disciple et, comme un simple enfant, croire à ce que je ne puis voir. Il me suffit que mon Maître parle. Il dit cela, Il prononce, Il assemble cette lettre de cette façon, Il se fait entendre ainsi: cela suffit.

Jean-Pierre de Caussade, L’Abandon à la Providence divine, dans: Paul Legavre, Voir Dieu en toutes choses – Prières et textes ignatiens (Desclée de Brouwer, 2006)

image: Juan Martínez Montañés et Francisco Pacheco, San Ignacio de Loyola (catholicsun.org)

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