Regards ignatiens – XVI
Blaise Arminjon
Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons. (Jn 21, 6)
Toute l’histoire des interventions de Dieu dans nos vies personnelles, comme dans la tradition générale de l’Eglise, n’est-elle pas écrite de cette encre-là? On peine des mois et des années dans la nuit sans aucun succès, dans un sentiment d’absolue stérilité, pour un petit matin incompréhensible de lumière, avec cette double marque toujours si évidente de l’action de l’Esprit: totale imprévisibilité et don à présent si démesuré. Nous le savons, qu’il s’agisse de vin ou de pain ou de poissons ou de quelque autre don de Sa grâce, Jésus ignore tout de notre économie. Sa mesure est l’excès. On peut véritablement étendre à la tâche apostolique ce que dit saint Ignace dans les Exercices spirituels de la consolation sans cause, tellement surabondante et tellement inattendue. Mais n’est-ce pas, plus profondément encore, en totale conformité avec le rappel incessant du mystère pascal de mort et de vie tout au long de l’Evangile de saint Jean?
Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre: C’est le Seigneur! (Jn 21, 7)
Blaise Arminjon, Nous voudrions voir Jésus, dans: Paul Legavre, Voir Dieu en toutes choses – Prières et textes ignatiens (Desclée de Brouwer, 2006)
image: Juan Martínez Montañés et Francisco Pacheco, San Ignacio de Loyola (catholicsun.org)