Pascale Tournier & Alexia Vidot
En cette période de l’Avent, donnons-nous les conditions de savourer les plaisirs de l’ombre. Profitons de cette sobriété énergétique contrainte pour appréhender le rythme particulier du monde nocturne. Parce que nous sommes débarrassés de notre rôle social diurne, nous pouvons nous laisser aller au repos, à la méditation et à la prière. Dans la solitude d’une cellule ou le cocon d’un coin prière, le priant se tient en présence de Dieu alors que le monde dort. Il chante Ses merveilles et reçoit Sa Parole. Il Lui porte aussi tous les gémissements des hommes que ces heures sombres exacerbent.
Sous le ciel étoilé, on revient à soi et même à une autre partie de notre humanité plus en prise avec notre authenticité primordiale. La nuit représente l’un des derniers endroits qui rappelle le temps d’avant la modernité excessive. La nuit nous dégage de la toute-puissance de la vision. Elle nous oblige à développer l’ouïe, le goût, l’odorat, à mettre en veille notre part de rationalité et à accepter le surgissement, constate Luc Gwiazdzinski.
Alors que la lumière du jour tombe, de nouvelles idées apparaissent. C’est le moment de refaire le monde. Bien des mouvements sociaux ont commencé dans la pénombre. Après la nuit, un jour nouveau advient, avec plus de potentialités. Du moins faut-il l’espérer, comme nous y invite la période de l’Avent.
Pascale Tournier & Alexia Vidot, Eloge de la nuit / extrait, dans: La Vie – 24 novembre 2022 (lavie.fr)
image: Crêt-Bérard, Puidoux / Suisse (2022)
