Chemins de traverse – 496 / Charles Ferdinand Ramuz

Charles Ferdinand Ramuz

Le bonheur résulte chez l’homme d’une réussite partielle. L’homme amoureux connait pour un temps le bonheur. L’étudiant qui vient de passer ses examens connait le bonheur pour un temps. L’homme d’affaires qui vient de réaliser une belle affaire, un moment, connait le bonheur. Le bonheur n’est que comme le prolongement sonore d’un état heureux où nous avons été et qui nous empêche d’entendre un instant les dissonances qui sont au-dedans de nous. Telle circonstance heureuse survient et c’est sa masse seule qui nous cache momentanément les parties de nous-mêmes qu’elle n’intéresse pas; mais peu à peu la masse se dissipe et, en se dissipant, les découvre à nouveau. Alors aussi apparaissent les vides; et peut-être que tout est vide, et c’est ce qui est insupportable.

Charles Ferdinand Ramuz, La pensée remonte les fleuves (coll. Terre Humaine/Plon, 1993)

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