Charles Delhez

Ce Dieu inutile – VI

Parle-nous de Dieu… ! La tentation serait de dessiner Dieu comme on esquisse un mouton et de le définir à force de concepts précis. Or Dieu n’est pas à circonscrire. Il est à rencontrer. Il est un amour offert à notre liberté et seul le poète peut parler respectueusement de l’amour, car il ne confisque pas les mots: il nous les présente comme un royaume à explorer. Combien de grands mystiques, tels un saint Jean de la Croix ou une sainte Thérèse d’Avila, n’ont-ils pas été de grands poètes? Tu n’expliques rien, ô poète, mais toutes choses par toi deviennent explicables. (Paul Claudel, La ville)

En mathématique, lorsqu’on a trouvé la solution, le problème est épuisé. Lorsqu’il s’agit de Dieu, on est devant l’inépuisable et la surabondance. Les mots ne peuvent plus qu’introduire au coeur du Mystère, comme la cage livrait le mouton tout en le cachant. Et bientôt, les mots doivent se taire pour faire place au silence: silence d’admiration devant l’ineffable, extase, adoration. Devant Dieu, on ne peut que rester bouche bée. Le mot mystère vient d’un verbe grec qui signifie se taire.

Il faut être poète pour parler de Dieu, mais il n’est pas nécessaire d’appartenir à la caste des spécialistes. En chaque homme sommeille un petit coin de poésie, un espace où les mots se libèrent de leur carcan et tentent de nommer l’Essentiel. Pour être poète, ne suffit-il pas d’être amoureux?

Charles Delhez, Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)

image: Charles Delhez (cathobel.be)

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