Ce Dieu inutile – 15

Charles Delhez

Ce Dieu inutile – XV

La révolte habite toujours la foi. Car la foi est le refus de ce monde abîmé, refus plein d’une confiance parfois douloureuse, toujours mystérieuse. Et Dieu répond. Souvent il semble n’y avoir que le silence, un silence long comme un samedi-saint coincé entre la douleur de la Croix et la joie de Pâques. Mais Dieu répond toujours. La foi est pour les révoltés. Elle vibre au coeur de notre sédition contre toutes les limites et tous les esclavages qui nous enserrent. Elle naît lorsque la tempête de nos cris et de nos points d’interrogation bondit sur la plage de Dieu et que les vagues de notre véhémence viennent battre de plein fouet les rivages célestes.

Si Dieu est Dieu, Il ne peut tolérer la solitude de tant d’esseulés ni les tortures de l’innocent. Jamais Il n’admettra la mort de l’homme ni la souffrance. Est-il possible que Dieu ne soit pas du côté de tous les révoltés et des maquisards de l’Espérance? Notre révolte est celle même de Dieu. La foi, disait Karl Barth, est un désespoir confiant. Il n’y a pas de foi sans révolte. Mais il n’y a pas de révolte sans passion: passion de vivre, passion  de souffrance.

La foi est une révolte. Mais au nom de l’amour et non pour se hisser sur le podium. Nous devons d’abord chercher le bonheur des autres. C’est l’amitié pour eux qui nous fait prendre le chemin de l’espérance. Il n’y a d’accomplissement que dans l’amour et le salut que tous ensemble. Que dirait-il, demandait Charles Péguy, si nous arrivions là-haut les uns sans les autres?

Charles Delhez, Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)

image: Charles Delhez (cathobel.be)

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