Ce Dieu inutile – 18

Charles Delhez

Ce Dieu inutile – XVIII

Petit à petit, le temps fait son oeuvre, comme la vague qui vient, revient et finit par avoir raison du château de sable que les enfants avaient construit parmi les cris de joie. La mort n’est pas seulement le point de mire lointain de notre existence. Elle en est encore la compagne. Mourir est l’âme du temps. Temps éclaté, temps qui coule, temps qui se disperse… Le temps, c’est un peu nous-mêmes. Nous avons un certain nombre d’années à vivre et puis ce sera fini. Nous sommes un certain nombre de saisons. Nous sommes du temps. Qu’en faisons-nous?

Nos instants sont écartelés entre le passé et l’avenir. Notre temps est un vase de parfum tombé à terre et brisé: le vase est en morceaux et le précieux liquide évaporé. Ainsi notre présent, lorsqu’il nous échappe.

Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers (Ap 1, 8). Voici que vient Celui qui a vaincu la force corrosive du temps. Voici que vient Celui qui habite l’éternité de l’instant. Il récapitule toute l’histoire dans le coeur de Dieu. En Lui aucun remords ni regret du passé. Aucune rêverie ni fuite dans le futur. Mais l’épaisseur de l’éternel présent. Jésus habite le temps de Dieu, temps de l’éternité, temps de l’amour. Pourquoi notre temps coule-t-il de jour et de nuit? Parce que nous nous cherchons. Nous ne sommes pas encore vraiment nous-mêmes. Nous tentons de nous construire et de nous réaliser, car nous ne sommes pas encore ce que nous devons et voulons être. Nous sommes en devenir.

Charles Delhez, Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)

image: Charles Delhez (cathobel.be)

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