Ce Dieu inutile – 20

Charles Delhez

Ce Dieu inutile – XX

Au temps des croisades, un certain frère Yves recontra, au milieu de la rue, une vieille femme qui portait dans sa main droite une écuelle pleine de feu et dans la main gauche, une fiole pleine d’eau. Il lui demanda: Que veux-tu faire de cela? Elle répondit qu’elle voulait avec le feu brûler le paradis et avec l’eau éteindre l’enfer de telle sorte que ni l’un ni l’autre n’existent plus. Il lui demanda: Pourquoi cela? – Parce que je ne veux pas qu’on fasse le bien pour gagner le paradis ou par crainte de l’enfer, mais seulement pour l’amour de Dieu qui vaut plus que tout et qui est notre bien suprême.

Cette vieille femme avait raison. Si la Bonne Nouvelle est celle de l’amour, comment peu-on concevoir une morale qui serait pur calcul? On ne dose pas sa vertu pour arriver au ciel à moindres frais et on n’évite pas de blesser son frère pour ne pas risquer de souffrir soi-même en enfer! Qui se contenterait de semblables motivations serait bien loin de l’Evangile. Il se ferait une piètre idée de Celui qui est Amour sans l’ombre d’un repli sur soi.

Le ciel n’est pas une gratification extérieure à l’action que je pose comme l’est le poisson que le dompteur jette au dauphin. Il est l’aboutissement de l’action posée, son accomplissement.

Charles Delhez, Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)

image: Charles Delhez (cathobel.be)

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