Charles Delhez
Ce Dieu inutile – XXIV
Et le purgatoire? Cette notion traduit une évidence toute simple: le saut qualificatif entre nous, pauvres pécheurs, et le Dieu de toute sainteté est énorme. Se trouver face à Lui ne peut, en un premier temps, que faire naîtrte en nous la souffrance, celle qui brûle les scories pour ne garder que l’or pur. Où? Quand et comment? Il n’y a ni carte routière ni agenda au pays de l’Amour. Mais il est vrai qu’une communion est possible avec ceux qui, dans l’éclair fulgurant de l’éternité, se présentent au seuil du Mystère de Dieu. Prier pour les morts a un sens parce que nous ne sommes rien les uns sans les autres et que la mort ne brise pas nos solidarités. C’est ensemble que nous nous ouvrons à l’Ineffable.
Penser l’au-delà, c’est tenir ensemble des éléments qui semblent contradictoires sans pouvoir, par notre imagination, les harmoniser. Celui qui meurt entre dans la paix et le bonheur de Dieu et, en même temps, sa joie n’est pas encore totale puisque, tant qu’un seul être manquera, le ciel sera dépeuplé… Il est en Dieu et, en même temps, il attend la fin des siècles pour revêtir l’univers nimbé de gloire. A la mort, la liberté est jouée et, grosse du poids de tous les instants vécus, la personne pénètre dans le Mystère divin. Mais, en même temps, notre prière peut l’aider à accueillir Dieu et à se purifier au feu de l’amour.
Charles Delhez, Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)
image: Charles Delhez (cathobel.be)