Bernard de Clairvaux
Il n’est pas sur terre de lieu plus vénérable que ce temple d’un sein virginal où Marie reçut le Fils de Dieu, et il n’en est pas au ciel de plus sacré que ce trône royal sur lequel aujourd’hui le Fils de Marie fait monter sa mère. Ici comme là, l’accueil est indescriptible, parce qu’il dépasse l’intelligence. Qui pourrait, quand bien même il parlerait les langues des hommes et des anges, expliquer de quelle manière par la venue du Saint-Esprit et dans l’ombre jetée par la force du Très-Haut, le Verbe de Dieu, par qui tout a été fait, s’est Lui-même fait chair? ou comment le Seigneur de sa majesté, que la création entière ne pourrait contenir, a pu, en s’incarnant, s’enfermer dans le sein d’une vierge?
Pourquoi vient-Il, sinon pour l’emplir de surcroît et pour que, déjà pleine à son arrivée, elle soit plus que pleine et que sa surabondance déborde sur nous? Que se déversent en nous ces aromates, c’est-à-dire les dons de la grâce, afin que tous nous ayons part à une si grande plénitude. Car cette femme est notre Médiatrice, et c’est par elle que nous avons reçu la miséricorde de Dieu, par elle aussi qu’il nous est possible d’accueillir le Seigneur Jésus dans nos maisons. Chacun de nous, en effet, a son castel, sa maison particulière, et la Sagesse vient frapper à chaque porte: si on lui ouvre, elle entre et prend place à table.
Saint Bernard, Sermons pour l’Assomption, dans: Oeuvres mystiques (Seuil, 1951)
image: Abbaye Notre-Dame de Tamié / Savoie, France (abbaye-tamie.com)