Charles Delhez
Ce Dieu inutile – XXXII
L’Eglise est pour la mission. Mais où irai-je lorsque, épuisé par la route, le coeur plein de la souffrance des hommes et les bras chargés de leurs fardeaux, je serai essoufflé au bord du chemin? Qui m’accueillera et me redira les mots de l’espérance lorsque la douleur et la haine rencontrées me feront douter de Dieu et désespérer de la vie?
La communauté chrétienne est aussi le lieu d’un ressourcement. Dans la fraction du pain, nos yeux s’ouvrent à nouveau et reconnaissent Celui qui ne nous avait pas quittés et qui, tandis que nous marchions las et tristes, nous réchauffait le coeur par Sa parole. Sitôt notre regard ébloui par Sa présence, Il s’efface et nous renvoie aux carrefours de nos cités. Ite, missa est! Allez! Car l’Eglise ne possède pas le Christ: elle Le reconnaît, mais ne peut L’accaparer.
Au coeur de ce monde, dispersée dans les Goulags de notre humanité, l’Eglise est invitée à vivre l’inespéré qu’elle a lu dans les yeux du Ressuscité. Humblement au service des hommes, elle chante un air nouveau pour répondre aux chants de deuil.
Charles Delhez, Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)
image: Charles Delhez (cathobel.be)