Charles Delhez
Ce Dieu inutile – XXXIII
Au coeur de l’Eglise, il est un visage beaucoup aimé: celui de Marie. Parce qu’elle est au point de départ. Parce qu’elle est simplicité et silence. Parce qu’elle est accueil et souffrance. Parce qu’elle est ce que nous voudrions être en face de Dieu. Que de créativité artistique, que de beauté et de prière n’a-t-elle pas suscitées! Que de coeurs n’a-t-elle pas touchés! Au milieu de leur nuit, que de pécheurs l’ont rencontrée, murmurant humblement: Prie pour nous, Marie! Tant de chrétiens n’auront pas osé approcher le Mystère de Dieu, mais ils auront fréquenté sa mère sur le visage de qui le Soleil se reflète, comme l’astre du jour sur celui de la nuit. Cette jeune fille de Nazareth est la fleur d’une longue attente, celle de tout un peuple en désir de salut. Dans son coeur de jeunesse, tous les espoirs et toutes les peines, tous les désirs et toutes les peurs de notre terre en genèse. Dans ses yeux de printemps, l’océan de notre inlassable quête vient battre les plages de l’éternité.
Dieu cherchait une brèche pour insuffler Son Esprit. Il attendait un oui pour engendrer notre avenir. Et elle a dit oui. Dieu a trouvé sa porte ouverte et un filet de clarté a tiré l’ombre de son sommeil. Première fleur entre les mains de Dieu, Marie fait naître l’Eglise. Lorsque Dieu cueille une autre fleur dans le verger de notre monde, chaque fois qu’un être humain dit oui, Il se souvient de la foi de Marie. Lorsqu’Il fait un bouquet de toutes nos libertés qui acquiescent et qu’Il rassemble les hommes, Dieu se rappelle la première fleur ouverte au oui de la vie.
Le fiat de Marie est celui de l’Eglise. Notre foi n’est jamais solitaire, même lorsqu’elle déchire douloureusement notre doute et notre peur. Elle est toujours enveloppée par celle de Marie qui engendre l’Eglise.
Charles Delhez, Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)
image: Charles Delhez (cathobel.be)