Charles Delhez
Ce Dieu inutile – XXXIV
O Marie,
je ne viens pas mendier tes faveurs
et je ne poursuis aucun avantage.
Je n’ai rien à t’offrir et rien à demander,
Je viens seulement, Mère, pour te regarder.
Je viens te contempler en ton Annonciation
et entendre ton oui de silence,
me laisser gagner par ton ouverture
et ton consentement à l’inconnu,
être avec toi, dans les mains de mon Dieu,
le poème de son amour.
Je viens m’émerveiller
de l’enfant que tu portes sur tes bras,
le voir sourire et se nourrir à ton sein.
Comme les bergers que ta pauvreté mettait à l’aise,
je me laisse séduire par l’enfance de mon Dieu
et la jeunesse de sa Mère.
Par-delà discours et mots savants
avec toi j’accueille l’amour fou
d’un Dieu infiniment proche.
Je viens habiter ton quotidien de Nazareth,
avec ses gestes banals et sa tendresse tout ordinaire,
avec son apparente inutilité et sa grandeur cachée.
Je viens t’accompagner dans ton écoute de la Parole,
à la suite de Jésus,
sur les chemins de Galilée et ceux de Judée.
Je viens te rejoindre au pied de la Croix
et communier à l’agonie
de celui qui brise la mort.
Ton long chemin de foi
éclaire mes doutes
et me conduit au matin de Pâques
où la douleur se transfigure en joie
et la souffrance en enfantement.
Marie, image de l’Eglise,
tu as inauguré notre route.
Dans le cénacle de nos communautés,
tu continues l’attente de l’Esprit
que tu connais si bien
pour en avoir reçu toute fécondité.
O Marie, comblée pour nous
De toute la gratuité divine…
(fin)
Charles Delhez, Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)
image: Charles Delhez (cathobel.be)