Morceaux choisis – 1043 / Thomas Merton

Thomas Merton

Nous n’arriverons au Ciel qu’en mourant sur la Croix pour les autres. Et l’on ne meurt pas sur une croix par ses propres efforts: il faut l’aide du bourreau. Nous devons, comme le Christ, mourir pour ceux dont les péchés nous sont plus amers que la mort, parce qu’ils ressemblent aux nôtres. Il nous faut mourir pour ceux dont les péchés nous tuent, et pour ceux qui meurent par nos propres péchés, malgré nos bonnes intentions. Si ma compassion est vraie, si c’est une profonde compassion du cœur et non une pitié formelle, livresque, et pratiquée comme un pieux exercice, c’est qu’elle est la compassion même de Dieu pour moi. La patience que je montre aux autres est celle de Dieu à mon égard. Mon amour pour eux est Son amour pour moi. Lorsque le Seigneur m’accorde la compassion, répondant à une prière elle-même inspirée par l’action de Sa miséricorde, Il la rend présente et visible en moi, en m’inspirant pour les autres la pitié même qu’Il a pour moi.

Lorsque nous aimons nos frères avec son amour, nous ne connaissons plus le bien et le mal, comme le prétendait le Serpent, mais seulement le bien. Nous surmontons le mal par la charité et la compassion divines, et, ce faisant, nous chassons tout mal de notre cœur.

Thomas Merton, Nul n’est une île (Seuil, 1956)

image:  Abbaye de la Fille-Dieu , Romont / Suisse (fille-dieu.ch)

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