Morceaux choisis – 254 / Bernard de Clairvaux

Bernard de Clairvaux 

Ce fut donc une aurore, et une aurore bien brumeuse, que toute la vie du Christ sur terre, jusqu’à ce que, parvenue à son couchant, puis à son nouveau lever, l’éclat de Sa présence solaire chasse l’aurore et que la nuit fût résorbée dans le triomphe du matin…

C’est alors que s’est levé le Soleil et que, répandant peu à peu Ses rayons sur la terre, Il a commencé à manifester plus claire Sa lumière, plus sensible Sa chaleur. Mais qu’Il accroisse indéfiniment Sa force, qu’Il multiplie et dilate Son rayonnement sur tout le cours de notre vie mortelle – car Il sera avec nous jusqu’à la fin des siècles – jamais Il ne parviendra à l’éclat de Son midi, jamais Il ne sera vu ici-bas dans cette plénitude où Il apparaîtra plus tard, à ceux-là du moins que Lui-même jugera dignes de cette vision.

Ce sera le vrai midi, le soleil immuable, la chaleur et la lumière accomplies, l’extermination des ombres, l’assèchement des marais, la fin de toute pestilence. Solstice éternel où le jour sera sans déclin, clarté de midi, température printanière, charme de l’été, abondance d’automne! et pour ne rien oublier, quiétude et loisir de l’hiver! ou bien, si vous préférez, l’hiver seul aura disparu pour ne plus revenir.

Bernard de Clairvaux, Sur le Cantique des Cantiques, dans: Oeuvres mystiques (Seuil, 1951)

image: Duccio di Buoninsegna, Christ Appearing On The Road To Emmaus (quoteinsta.com)

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