Chemins de traverse – 21 / Pierre Reverdy

Pierre Reverdy

Il marchait au milieu du ciel les yeux baissés et les autres passants le regardèrent. Un peu plus bas, aux fenêtres, les têtes pendaient. Et les formes blanches qu’avaient laissées la lune, la nuit passée, se ranimèrent. La foule criait; au moins tous ceux qui s’étaient reconnus. On emportait le jour par morceaux dans toutes les rues de la ville. Et les cheveux du vent, mêlés au flot des gens et des voitures, s’engouffraient entre les murs et se nouaient. Tout le monde courait sans savoir où. Les pavés attachaient les regards. La terre. Le jour entrait parfois sans ressortir. Le mouvement s’étendait jusqu’aux fossés, qui bordaient les dernières maisons et, au-delà, on retrouvait le terrain plat. Le calme. Des ombres immobiles. Et le soleil reprenait partout sa place, sans qu’on puisse le toucher ni le prendre, au gré de son désir.

Pierre Reverdy, Main d’oeuvre / Poèmes 1913 – 1949 (Mercure de France, 1949)

image: Herculaneum, Campanie – Italie (katbrakatjamb.blogspot.com)

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