Maurice Zundel
La sainte liturgie – III / Kyrie Eleison
Kyrie eleison, Christe eleison, Kyrie eleison… ces invocations sont le cri du plus sublime abandon, et l’appel, ineffablement humble, du plus filial amour. Et qui doivent, au ciel, émouvoir le Père, autant qu’à Jéricho, les gémissements de l’aveugle: Jésus, fils de David, aie pitié de nous (Mc 10,47). Et qui doivent, sur terre – jusqu’à la moelle – faire tressaillir nos frères d’Orient, quand ils entendent chez nous, la prière de chez eux.
Ainsi, pour un instant, dans la même langue, nous nous rejoignons pour la même imploration. Ainsi, nous sommes frères, dans l’aveu de la même détresse, et dans l’attente du même pardon: Kyrie eleison. C’était, sans doute, le dessein secret de l’Esprit Saint, dans cette mystérieuse survie de la litanie, que nous eussions pitié de l’unité meurtrie: Christe eleison. Comme, dans une suite de maisons qui se touchent, une pierre en saillie amorce l’extension prochaine. Ainsi la prière, qu’il faut toujours faire, en demandant à Dieu, l’union des Eglises: Kyrie eleison.
Maurice Zundel, Le poème de la sainte liturgie (Ad Solem, 2017)
image: Basilique Notre-Dame, Genève / Suisse (2017)