Le poème de la sainte liturgie – 10

Maurice Zundel

La sainte liturgie – X / Jésus prit du pain

Les Juifs, sous l’Ancienne Alliance, offraient à Pâques les épis nouveaux, à la Pentecôte les pains de fleur de farine et les tendres agneaux, à la fête des Tabernacles dans l’automne éclatant, les prémices des fruits et l’allégresse de la vigne, et les hosanna des palmes et des saules qui croissent au bord des rivières. Et le parfum de la terre, comme d’un immense encensoir, montait devant l’autel de Dieu, dans le balancement gracieux des gerbes pleines et des corbeilles dorées, où s’amoncelait la récolte bénie.

C’est ce que l’homme avait de meilleur à offrir: ces êtres sans raison, mais aussi sans péché, ces hosties sans tache que l’Eglise, à son tour, élève devant ses autels, à l’Offertoire de la messe, – avant que n’intervienne l’Agneau immaculé, qui voulut choisir pour perpétuer Sa présence, cette admirable figure des terrestres aliments: le Pain et le Vin. 

Car l’homme a faim, et l’homme a soif. La faim  et la soif résument tous ses désirs. Et Dieu qui peut seul épuiser ses désirs en leur accordant leur plus pleine satisfaction, Dieu a voulu paraître, au regard de notre foi, comme Celui qui apaise notre faim, étanche notre soif: indispensable nourriture et nécessaire breuvage. Et ce sont les mains de l’homme qui sont chargées de lui préparer cet humble et somptueux vêtement, le travail et les sueurs de l’homme, et plus encore sa charité, car cette offrande est vaine sans amour. Cet offertoire ne peut rien opérer, si notre âme, si notre coeur, si notre vie enfin, ne reposent sur la patène, ne se répandent dans le calice que le prêtre élève au nom de tous – au nom de chacun, comme le faisait bien comprendre la vieille liturgie de Rome, qui demandait à chaque fidèle d’apporter, à ce moment, sa contribution personnelle à l’offrande commune, – comme l’exprime clairement l’usage établi depuis la disparition du pain fermenté, dans les prières que nous lisons aujourd’hui.

Maurice Zundel, Le poème de la sainte liturgie (Ad Solem, 2017)

image: Basilique Notre-Dame, Genève / Suisse (2017)

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