Jean-Marie Lustiger
De manière invisible mais non moins efficace, peuvent être faiseurs de paix des hommes et des femmes que marginalisent la maladie physique ou psychique, la vieillesse ou l’infirmité, et qui sont apparemment condamnés à l’inactivité la plus totale, à l’inutilité humaine la plus flagrante, à une existence recluse sans aucune influence possible sur la vie sociale. Derrière des barreaux de prison, sur des lits d’hôpital, dans des chambres d’hospice, il est des faiseurs de paix.
Il en est aussi dans les cellules de monastère: tous ceux et toutes celles qui vivent une vocation contemplative se sont en quelque sorte effacés du cours spectaculaire du temps pour avancer au rythme caché de l’éternité de Dieu et de Son dessein d’établir la vraie paix.
Heureux ces oubliés, ces humiliés, ces malades, ces improductifs, qui sont des artisans de paix dans la mesure où ils se laissent saisir dans le mystère du Christ rédempteur. Le travail spirituel qui s’opère dans leur coeur rayonne et se répand dans tout le Corps de l’Eglise comme une onde pacifiante. Ils propagent dans le monde la paix de Jésus. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu (Mt 5, 9).
Jean-Marie Lustiger, Soyez heureux (Parole et Silence, 2011)
image: Cloître de l’ancien Monastère, Bergame / Italie (https://fr.vecteezy.com)