Dom Helder Camara
Comme c’est beau, la messe. Comme c’est beau de savoir que ce pain que je reçois, ce pain que je donne est vraiment le Seigneur Jésus et est vraiment notre aliment. Il était déjà en nous comme Dieu immense. Il est maintenant en nous par Son humanité, en nous donnant Son Corps à manger. Ce qui est formidable aussi, c’est que la messe couvre la journée tout entière. Tout devient offertoire. Je ne traverse pas la journée les bras et les mains levés, comme à l’autel: les gens ne comprendraient pas et me prendraient pour un fou. Mais spirituellement, c’est comme ça que je parcours les rencontres de la journée, offrant les joies et les souffrances, les espérances et les peurs, les vertus et les faiblesses, tout ce qui se voit, s’entend, s’imagine, se rêve…
C’est vrai aussi qu’après la consécration, on pense facilement que tout, autour de nous, tout vient du Créateur et du co-créateur, l’homme. Il n’y a rien, absolument rien, qui ne soit vivant et saint.
Et communier, ce n’est pas seulement recevoir le Christ. En recevant le Christ, c’est l’humanité tout entière que nous embrassons. Si, quand je communie, je dis: Seigneur, avec Toi je reçois tout le monde sauf une personne, cette personne-là, tu sais, elle c’est vraiment impossible! – ce n’est pas une vraie communion. La communion suppose que notre coeur ait vraiment pris les dimensions infinies du Coeur du Christ. Les hommes de toutes les races, de tous les temps, de toutes les fois, de toutes les espérances, de tous les péchés sont assumés par le Christ, jusqu’au dernier, et par le chrétien dans la communion. Voilà la joie et la responsabilité du chrétien et, d’une manière particulière, du prêtre.
Dom Helder Camara, L’Evangile avec Dom Helder – Entretiens avec Roger Bourgeon (Desclée de Brouwer, 2009)
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