Benoît XVI
Dieu est amour – III
La véritable nouveauté du Nouveau Testament ne consiste pas en des idées nouvelles, mais dans la figure même du Christ, qui donne chair et sang aux concepts – un réalisme inouï. Déjà dans l’Ancien Testament, la nouveauté biblique ne résidait pas seulement en des concepts, mais dans l’action imprévisible, et à certains égards inouïe, de Dieu. Cet agir de Dieu acquiert maintenant sa forme dramatique dans le fait que, en Jésus Christ, Dieu Lui-même recherche la brebis perdue, l’humanité souffrante et égarée. Quand Jésus, dans Ses paraboles, parle du pasteur qui va à la recherche de la brebis perdue, de la femme qui cherche la drachme, du père qui va au devant du fils prodigue et qui l’embrasse, il ne s’agit pas là seulement de paroles, mais de l’explication de Son être même et de Son agir. Dans Sa mort sur la croix s’accomplit le retournement de Dieu contre Lui-même, dans lequel Il se donne pour relever l’homme et le sauver – tel est l’amour dans sa forme la plus radicale. Le regard tourné vers le côté ouvert du Christ est cette vérité qui peut être contemplée. Et, partant de là, on doit maintenant définir ce qu’est l’amour. A partir de ce regard, le chrétien trouve la route pour vivre et pour aimer.
A cet acte d’offrande, Jésus a donné une présence durable par l’institution de l’Eucharistie au cours de la dernière Cène. Il anticipe Sa mort et Sa résurrection en se donnant déjà Lui-même, en cette heure-là, à Ses disciples, dans le pain et dans le vin, Son corps et Son sang comme nouvelle manne: Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde (cf. Jn 6, 33).
L’image du mariage entre Dieu et Israël devient réalité d’une façon proprement inconcevable: ce qui consistait à se tenir devant Dieu devient maintenant, à travers la participation à l’offrande de Jésus, participation à Son corps et à Son sang, devient union. La mystique du Sacrement, qui se fonde sur l’abaissement de Dieu vers nous, est d’une tout autre portée et entraîne bien plus haut que ce à quoi n’importe quelle élévation mystique de l’homme pourrait conduire.
Benoît XVI, Encyclique Deus caritas est / Dieu est amour – extraits (vatican.va)
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