Il est vivant Celui devant qui je me tiens – 1

Il est vivant Celui devant qui je me tiens (1R 17,1 et 18,15) – I

Le Père n’a dit qu’une parole: ce fut son Fils. Et dans un silence éternel Il la dit toujours: l’âme doit l’écouter en silence. (Jean de la Croix, Maxime 147)

Un des textes bibliques fondamentaux dans la spiritualité du Carmel est celui où le Seigneur parle au prophète Elie et le charge de mission, non dans le fracas du tonnerre et des bourrasques, mais dans le souffle d’une brise légère (1 R 19,9-13). Le recueillement intérieur est l’un des premiers objectifs à atteindre et ce recueillement intérieur demande, au départ, un certain silence extérieur.

Le silence extérieur est favorisé par la nuit et la solitude. Jésus nous en a donné l’exemple à maintes reprises. Il gravit la montagne à l’écart pour prier. Il passait toute la nuit à prier Dieu. Et Il nous dit: Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre et prie le Père qui est là, dans le secret (Mt 6,6). Un de nos premiers soins est de trouver dans notre vie des temps de silence, qui d’abord ne seront peut-être que de cinq ou dix minutes; mais à mesure de notre persévérance, ils atteindront au moins une demi-heure d’affilée de prière silencieuse. Une éducation de nous-même est à faire. Or toute éducation est une progression: nous acceptons humblement d’avancer pas à pas.

Ce silence extérieur, on doit s’y habituer en supprimant les paroles superflues (elles sont pour nous occasion de tant de fautes); en nous privant d’une écoute ininterrompue de la radio; en évitant les distractions qui nous éloignent de Dieu, etc. Ce silence extérieur, on peut le trouver chez soi; on peut aller le chercher à l’église ou dans la nature… Mais à lui seul, il serait peu efficace s’il ne s’accompagnait, petit à petit, du silence intérieur.

Le silence intérieur ne nous est pas naturel. Nous avons d’autant plus de mal à nous concentrer, à intérioriser notre piété, à nous absorber dans la pensée du Dieu Amour, que la vie actuelle est pleine de bruits qui semblent faits pour entraver la vie intérieure. Or la vie contemplative, la vie d’oraison n’est pas autre chose que le souvenir habituel de Dieu. (Jean de la Croix, La nuit obscure)

Tout l’enseignement de saint Jean de la Croix nous aide, au long des années, à acquérir un certain silence intérieur. Un certain silence et non le silence absolu. Car, de même qu’il y a toujours du bruit à l’intérieur comme à l’extérieur de notre corps tant qu’il y a de la vie (la nôtre et celle des autres), de même nous ne pourrons jamais empêcher des pensées de naître en nous, des images de se former dans notre esprit malgré nous. Mais nous apprenons à les maîtriser pour en faire une prière, les écarter si elles nous éloignent de Dieu afin qu’elles deviennent un moyen de purification pour pouvoir écouter la parole que Dieu veut nous dire.

 Carmel de France, Silence – Parole – Engagement / extraits (carmel.asso.fr)

image: Collonge-Bellerive / Suisse (2016)

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