Augustin d’Hippone

Relire… Les Confessions – XXI

Ma voix intérieure me disait, oui maintenant. Tout de suite, tout de suite. Oui… Et à ces mots, j’allais céder. J’étais sur le point d’agir. Et puis, non. Je ne faisais rien. Mais je ne revenais pas en arrière. Je m’arrêtais tout au bord. Je reprenais mon souffle avant de recommencer mes efforts. Presque rien et j’y étais. Presque rien et déjà, déjà… Je touchais au but. J’y étais. Non. Je n’y étais pas. Je ne touchais rien. Je n’avais rien. Je n’osais pas mourir à la mort et vivre à la vie. Le mal en moi avait plus de puissance que le bien qui m’était insolite. Et plus l’instant précis où je serais autre se faisait proche, plus il jetait d’effroi. Pas de retour possible. Pas de diversion. Mais un terrible suspens.

J’étais captif de ces riens de riens, vanités de vanités. Mes vieilles amies. Elles secouaient mon habit de chair et susurraient: Tu nous congédies? A partir de cet instant, elles ne seraient plus jamais avec moi, et pour toujours.

Saint Augustin, Les aveux / Les confessions (P.O.L, 2013)

image: Saint Augustin et le mystère de la sainte Trinité, Eglise catholique du Tarn / France (catholique-tarn.cef.fr)

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