Relire… Les Confessions – 29

Augustin d’Hippone

Relire… Les Confessions – XXIX

Comment Te chercher, Seigneur? En Te cherchant, mon Dieu, je cherche la vie heureuse. Je veux Te chercher pour que mon âme vive. Mon corps vit de mon âme, mon âme vit de Toi.

Comment chercher la vie heureuse? Elle n’est pas à moi jusqu’au moment où je dis: assez! elle est là. Mais il faut dire alors comment la chercher. Par le souvenir comme si je l’avais oubliée et que j’avais encore en moi son oubli, ou par instinct de connaître cette inconnue que je n’ai donc jamais connue, ou que j’ai oubliée au point de ne même pas me souvenir de l’avoir oubliée. Tout le monde veut la vie heureuse, personne au monde ne pourrait la refuser. Où l’a-t-on connue pour la vouloir ainsi? Où l’a-t-on vue pour l’aimer? Elle est en nous, c’est certain, mais d’une manière que j’ignore. Une des façons de l’obtenir, c’est d’être effectivement heureux. Une autre est de se contenter de l’espérer. Ce qui est moins intéressant que d’être déjà réellement heureux, mais plus intéressant malgré tout que de n’être heureux ni en réalité ni en espérance. Encore que si on n’en avait pas quelque idée, on ne voudrait pas être heureux. Or c’est indéniablement ce que nous voulons.

Il y a une joie que ne peuvent connaître les sans religion. Contrairement à ceux qui Te servent librement avec respect. C’est Toi, leur joie. Et la vie heureuse, la voilà: une joie pour Toi, de Toi, à cause de Toi. C’est elle et rien d’autre. Ceux qui pensent qu’il en existe une autre, poursuivent une autre joie, pas la vraie. Bien que dans leur volonté ils ne soient pas si loin d’une certaine image de la joie.

Il y a encore un peu de lumière dans l’humanité. Qu’elle marche, qu’elle marche de peur que la nuit ne s’empare d’elle.

Saint Augustin, Les aveux / Les confessions (P.O.L, 2013)

image: Saint Augustin et le mystère de la sainte Trinité, Eglise catholique du Tarn / France (catholique-tarn.cef.fr)

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