André Gide
Quelle absurde conception du monde et de la vie parvient à causer les trois quarts de notre misère, et par attachement au passé se refuse à comprendre que la joie de demain n’est possible que si celle d’aujourd’hui cède la place, que chaque vague ne doit la beauté de sa courbe qu’au retrait de celle qui la précède, que chaque fleur se doit de faner pour son fruit, que celui-ci, s’il ne tombe et meurt, ne saurait assurer des floraisons nouvelles, de sorte que le printemps même prend appui sur le seuil de l’hiver.
André Gide, Les nourritures terrestres, suivi de: Les nouvelles nourritures terrestres (coll. Folio/Gallimard, 2007)
image: Les Saules, Cologny / Suisse (2006)