Chemins de traverse – 218 / Edmond Jabès

Edmond Jabès

Je suis à la recherche d’un homme
que je ne connais pas,
qui jamais ne fut tant moi-même
que depuis que je le cherche.
A-t-il mes yeux, mes mains
et toutes ces pensées pareilles
aux épaves de ce temps?

Saison des mille naufrages,
la mer cesse d’être la mer,
devenue l’eau glacée des tombes.
Mais, plus loin, qui sait plus loin?

Une fillette chante à reculons
et règne la nuit sur les arbres,
bergère au milieu des moutons.
Arrachez la soif au grain de sel
qu’aucune boisson ne désaltère.
Avec les pierres, un monde se ronge
d’être, comme moi, de nulle part.

Edmond Jabès, Chanson de l’étranger, dans: Le seuil. Le sable – Poésies complètes (coll. Poésie/Gallimard, 1990)

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