Morceaux choisis – 1188 / Marc Pernot

Marc Pernot

Le personnage de Marie nous est donné pour que nous nous identifions à elle et cela nous apporte une nouvelle très spéciale: comme Marie est enceinte de Jésus, nous sommes enceints d’un salut qui nous dépasse, un salut transcendant. Pourtant, vous et moi nous nous sentons humains, très humains. Comment pourrions-nous porter quelque chose de l’espérance de Dieu pour le monde? C’est la surprise que Marie relève dans son Magnificat. Elle se sait petite et cela n’a pas empêché Dieu de la faire participer, elle, à la réalisation de la promesse des promesses donnée en Abraham: nous sommes bénis par Dieu et nous sommes rendus capables d’être une bénédiction pour le monde entier, comme Marie.

Marie parle de ce qu’elle découvre de l’action de Dieu déjà réalisée: Il a dispersé l’orgueil de la pensée, dit-elle, Il a fait descendre les puissants de leur trône, nourri les affamés et renvoyé les riches les mains vides. Marie parle de ces retournements au passé: comment le comprendre alors que c’est loin d’être vrai au sens matériel? Les intégristes de tout temps pensent encore détenir l’unique vérité, les Césars d’alors et les tyrans d’aujourd’hui trônent encore joyeusement, les affamés se comptent toujours en centaines de millions. De quoi donc est-ce que parle Marie de la sorte? Dans la Bible, quand un énoncé n’est pas vraisemblable au sens matériel, cela nous invite à le lire au sens spirituel. Marie parle de bonnes surprises et de retournements qu’elle a eu le bonheur de commencer à vivre dans son âme, dans sa conscience, dans son moral. Ce sont des fruits de l’Esprit de Dieu en elle et en nous.

Quelle est la force qui nous aide à vivre cela? Le chant de Marie l’exprime en ces mots: Dieu vient en aide à ses serviteurs dans un souvenir de bonté.

Cette libération est un programme pour toutes les Marie que nous sommes, avec nos difficultés à avancer et notre souffrance, avec nos trésors et nos talents, aussi. Dieu donne une force extraordinaire à notre souvenir de bonté en ajoutant une ouverture vers l’avenir. Ce sont les deux jambes de l’humain en marche, de l’humain enceint d’une bonté nouvelle dont le monde a tellement besoin, et être sauvé. Rien de moins.

Marc Pernot, Un souvenir de bonté / extrait (marcpernot.net)

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