Thomas Merton
Que ce soit ma seule consolation de savoir que partout où je suis, Vous êtes, ô Seigneur, aimé et loué. Les arbres, en effet, Vous aiment sans Vous connaître. Les lis tigrés et les champs de maïs là-bas proclament qu’ils Vous aiment, sans avoir conscience de Votre présence. Les beaux nuages noirs traversent lentement le ciel en songeant à Vous comme des enfants qui ne savent pas à quoi ils rêvent, pendant leurs jeux.
Mais au milieu de toutes ces créatures, je Vous connais et je connais Votre présence. O tendre et terrible amour que Vous m’avez donné et qui ne pourrait jamais se trouver en mon coeur si Vous ne m’aimiez pas! Car au milieu de ces êtres qui ne Vous ont jamais offensé, je suis aimé de Vous et, semble-t-il, plus que tous, comme celui qui Vous a offensé. Je suis vu de Vous sous le ciel et mes offenses ont été oubliées par Vous, mais moi, je ne les ai pas oubliées.
S’il me souvient toujours d’avoir été un pécheur, je Vous aimerai malgré ce que j’ai été. Mon amour, je le sais, est précieux parce qu’il est Vôtre plus que le mien. Précieux pour Vous parce qu’il vient de Votre propre Fils, plus précieux même parce qu’il fait de moi Votre fils.
Thomas Merton, Les chemins de la joie (Plon, 1961)
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