Une étreinte de feu – 182 / Marie Noël

Marie Noël

Mon Dieu, source sans fond de la douceur humaine,
Je laisse en m’endormant couler mon cœur en Vous
Comme un vase tombé dans l’eau de la fontaine
Et que Vous remplissez de Vous-même sans nous.

En Vous demain matin je reviendrai le prendre
Plein de l’amour qu’il faut pour la journée. O Dieu,
Il n’en tient guère, hélas! Vous avez beau répandre
Vos flots en lui, jamais il n’en garde qu’un peu.

Mais renouvelez-moi sans fin ce peu d’eau vive,
Donnez-le-moi dès l’aube, au pied du jour ardu
Et redonnez-le-moi lorsque le soir arrive,
Avant le soir, Seigneur, car je l’aurai perdu.

Ô Vous de qui le jour reçoit le jour sans trêve,
Par qui l’herbe qui pousse est poussée en la nuit,
Qui sans cesse ajoutez à l’arbre qui s’élève
L’invisible hauteur qui dans l’air le conduit,

Donnez à mon cœur faible et de pauvres limites,
Mon cœur à si grand’peine aimant et fraternel,
Dieu patient des œuvres lentes et petites,
Donnez à chaque instant mon amour éternel.
Ainsi soit-il.

Marie Noël, Les Chants de la Merci, suivi de: Chants de Quatre-Temps
(coll. Poésie/Gallimard, 2003
)

image: Cathédrale Saint Etienne, Auxerre / France (cem.revues.org)

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