Augustin d’Hippone
Je ne voudrais pas que, pour aller à la vérité, vous cherchiez d’autres voies que les voies ouvertes par Celui qui, étant Dieu, a vu la faiblesse de nos pas. La première de ces voies c’est l’humilité; la seconde, l’humilité; la troisième, l’humilité; toutes les fois que vous m’interrogerez, je vous répondrai la même chose. Ce n’est pas qu’il n’y ait d’autres préceptes; mais si l’humilité ne précède, n’accompagne et ne suit tout ce que nous faisons de bien; si elle n’est pas comme un but vers lequel se portent nos regards, si elle n’est pas près de nous pour que nous nous attachions à elle, et au-dessus de nous pour nous réprimer dans la satisfaction de quelque bonne action, l’orgueil nous arrache tout de la main. Les autres vices naissent des péchés; l’orgueil est redoutable dans le bien même: ce qu’on a fait de louable est perdu par le désir de la louange. De même donc qu’un illustre orateur, à qui on demandait quel était le premier précepte à observer dans l’éloquence, répondit que c’était la prononciation; interrogé sur le second précepte, il répondit encore: la prononciation; et comme on lui demandait quel était le troisième, il dit qu’il n’y en avait pas d’autre que la prononciation; ainsi chaque fois que vous m’interrogerez sur les préceptes de la religion chrétienne, je voudrais répondre qu’il n’y en a pas d’autre que l’humilité.
Augustin d’Hippone, Lettre 118 (citationsdespiritualite.blogspot.ch)
image: Michelangelo Caravaggio, Saint Augustin / 1638 (commons.wikimedia.org)