Augustin d’Hippone

Relire… Les Confessions – XXV

Le jour où ma mère quitterait cette vie était imminent – jour que Tu connaissais mais que nous ignorions. Je crois qu’un de Tes secrets fut alors de nous réunir seuls, elle et moi. Accoudés à une fenêtre, avec vue sur le jardin intérieur où nous habitions.

C’était près d’Ostie, sur l’embouchure du Tibre. Loin de la foule, après les fatigues d’un long voyage. Nous nous reposions avant de prendre la mer. Très douce conversation en tête-à-tête. Oubliant le passé, tendus vers ce qui était devant nous, nous avons cherché entre nous, en présence de la vérité que Tu es, quelle serait la vie éternelle des saints. L’oeil ne l’a pas vue ni l’oreille entendue, ni le coeur de l’homme ne l’a imaginée. Mais nous avons ouvert la bouche avide de notre coeur à Ta source vive, source de vie près de Toi, pour en être aspergés comme nous le pourrions, et comprendre d’une façon ou d’une autre une si grande chose.

Nous parlions, et dans notre désir, nous avions à peine effleuré la sagesse d’un battement de coeur. Nous avons gémi en abandonnant là les balbutiements déliés  de l’esprit. Et nous sommes retournés au vacarme de nos lèvres où commence et finit la parole.

Saint Augustin, Les aveux / Les confessions (P.O.L, 2013)

image: Saint Augustin et le mystère de la sainte Trinité, Eglise catholique du Tarn / France (catholique-tarn.cef.fr)

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