Morceaux choisis – 387 / Jean Cassien

Jean Cassien

Il n’y a pas de vices qui puissent, autant que l’orgueil, détruire toutes les vertus et dépouiller plus complètement l’homme de justice et de sainteté. C’est une maladie mortelle qui ne se contente pas d’affaiblir un membre, mais qui empoisonne et corrompt tout le corps. Il attaque les personnes les plus parfaites, et les entraîne dans une ruine irréparable.

Les autres ont chacun leurs limites et leur but; ils combattent quelques vertus et s’attaquent principalement à celle qui leur est le plus contraire. La gourmandise, par exemple, cherche à corrompre la tempérance; la luxure veut souiller la chasteté; la colère détruit la patience, tellement que l’esclave d’un vice peut bien n’être pas dépouillé de toutes les vertus, mais seulement de celle opposée au péché qui le domine.

Mais lorsque l’orgueil possède une malheureuse âme, c’est un tyran cruel qui s’est emparé de la citadelle des vertus, et de là foudroie la ville entière et la détruit de fond en comble. Il renverse les murs de la sainteté et les rase au niveau de tous les vices; et l’âme n’a plus une ombre de liberté; plus elle était riche, plus elle est avilie et cruellement dépouillée de toutes ses vertus.

Jean Cassien, Les Institutions (patristique.org)

image: http://www.asprenaut.fr

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